Suite à un récent article "anonyme" paru sur VLR, "anonyme" mais rappelant fort à propos, à un peu plus d'un siècle d'écart, les circonstances de la naissance du PCF, peu après la Première Guerre Mondiale et les bouleversements révolutionnaires qu'elle a entraînés, on s'attendait donc logiquement à ce qu'un débat se fasse jour sur les circonstances actuelles de la faillite de la "gauche" française de notre époque, mais il n'en a donc rien été, comme une confirmation flagrante de cette faillite semble-t-il donc totale et définitive.
Néanmoins, suite à notre premier post en réponse, resté donc sans aucun écho, en voici malgré tout un second, qui résume notre effort de recherche et d'analyse, depuis dix ans, et qui permet de mesurer que s'il s'agit donc bien d'un constat d'échec, en termes de tentative de "ranimer la flamme" de la Résistance anti-impérialiste et antifasciste, ce n'est donc pas forcément un échec en ce qui concerne la tentative d'un retour au réel dans le constat de l'évolution du monde, avec l'éclatement révélateur du conflit en Ukraine.
Dans la mesure où il s'agit donc d'une extension du sujet qui relie également la période actuelle à la genèse et aux conséquences de la "Guerre Froide", comme cela est de plus en plus évident, il nous semble donc approprié de republier le tout sous un nouveau titre significatif de cette évolution du réel actuel.
Luniterre
1947-2023 - De la genèse de la "Guerre Froide" à la décadence de l'Occident et à la déchéance de la "gauche" française
http://cieldefrance.eklablog.com/1947-2023-de-la-genese-de-la-guerre-froide-a-la-decadence-de-l-occiden-a214314753
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Le jour où le Parti socialiste se divise en deux. Celui qui continue son chemin avec la deuxième internationale qui a trahi le prolétariat en votant les crédits de guerre pour la première guerre mondiale. Et celui qui décide d’adhérer à la troisième internationale fondée à Moscou en 1919 avec Lénine.
Cliquer sur l’image pour l’agrandir
Le PDF de Gallica épuré : http://mai68.org/spip2/IMG/pdf/L-Hu…
Le PDF de Gallica avec la mise en garde :
http://mai68.org/spip2/IMG/pdf/L-Hu…
Les trahisons des socialistes depuis leur origine :
http://mai68.org/spip/spip.php?article1691
Aujourd’hui,
Vu les positions du PCF sur la guerre d’Ukraine,
Vu que le PCF a voté les crédits de guerre demandés par Macron pour la guerre en Ukraine,
Vu que le Parti Communiste Russe soutient à fond l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine,
Il faudrait refaire un nouveau congrès de Tour pour ne conserver que les communistes qui ne soutiennent pas les USA dans leur guerre en Ukraine contre la Russie.
1 Message
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De 1920 à 2023, il y a donc déjà plus d’un siècle… Tirer les leçons de l’histoire de cette époque reste évidemment une nécessité, mais ne pas voir que le monde a quelque peu changé depuis est un autre écueil, qui est bien celui de la supposée « extrême-gauche » française qui radote les mêmes éléments de langage depuis un bon demi-siècle sans être capable d’analyser les causes de son échec, en 1968 et dans les décennies qui suivent.
Depuis 1968 le monde a encore radicalement changé, et notamment, en termes de stratification sociale, sous la poussée des forces productives modernes.
A ce sujet, voir notamment :
« Tertiarisation » : de l’évidence d’une nouvelle stratification sociale au XXIe siècle
http://cieldefrance.eklablog.com/tertiarisation-de-l-evidence-d-une-nouvelle-stratification-sociale-au—a214110285
Banco-centralisme : Le sens retrouvé du combat social en France
http://cieldefrance.eklablog.com/le-sens-retrouve-du-combat-social-en-france-a213299195
Comme le souligne l’auteur « anonyme » de ce bref mais bien utile article, le principal parti communiste de Russie, (le KPRF, donc, en fait), soutient la lutte contre le néonazisme ukrainien, mais c’est le cas de la plupart des autres partis et mouvements communistes se réclamant du ML en Russie, avec l’ « arrière-pensée », parfois clairement exprimée pour certains, que c’est précisément une bonne occasion non seulement de mobiliser le prolétariat, mais de le mobiliser en armes, ce qui est toujours le point décisif de la lutte des classes, en fin de compte.
Cela nécessite de comprendre également que si le régime de Poutine n’est évidemment pas socialiste il est néanmoins celui d’une bourgeoisie nationale en grande partie héritière des conquêtes économiques et sociales de l’URSS, même si elles ont été férocement attaquées, après 1991, par la fraction compradore issue de la dégénérescence Gorbatchévienne de cette classe bourgeoise nationale bureaucratique.
Aujourd’hui, il ne s’agit donc pas seulement de militer pour une paix sans contenu politique qui « gèlerait » la situation au profit d’un « sursis » pour les forces Otanesques, mais bien de soutenir carrément et ouvertement la lutte de Résistance du peuple russe face au mondialisme banco-centraliste et à son proxy ukronazi Zelensky.
La victoire russe en Ukraine peut être la première étape stratégique de la libération des peuples face au joug banco-centraliste en train de s’abattre sur la planète.
Les ML du XXIe siècle dignes de ce nom doivent être capables d’en analyser les conditions et d’agir, chacun à leur place, en fonction des moyens disponibles, et donc, de manière organisée et coordonnée, se serait évidemment un plus appréciable, et même nécessaire, en réalité.
Voilà quel doit être le sens réel d’un « Congrès de 2023 » qui serait l’équivalent historique, par sa signification, sinon, malheureusement et très probablement, par son ampleur, du « Congrès de 1920 » !
Luniterre
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2ème post en réponse, proposé le 11/06/2023:
L'absence de tout débat à la suite de ce rappel des circonstances du Congrès de Tours, dans les circonstances précises d'aujourd'hui même, qui voient, sur le terrain ukrainien, un affrontement majeur et d'une violence extrême entre les forces de la Résistance russe et les forces ukronazies proxy du mondialisme banco-centraliste, reste donc caractéristique, non seulement de la faillite totale du PCF, mais aussi de la faillite totale de la prétendue « extrême-gauche », y compris se réclamant du ML, incapable d'amorcer une initiative anti-impérialiste et antifasciste significative, c'est à dire capable d'unir largement, au delà des clivages groupusculaires, les éléments dispersés de ce qui reste de Résistance Populaire, actuellement isolés et sans perspective politique globale.
Définir une ligne de front uni de Résistance Populaire implique de faire correctement, et donc de manière tout à fait réaliste, une analyse de la nature de classe des forces et des strates sociales en présence et non de se payer de mots qui n'ont quasiment plus qu'un rapport précisément très lointain avec la réalité de notre premier quart du XXIème siècle, sinon carrément plus aucun.
Il y a bientôt dix ans paraissait le premier article de TML, déjà sur ce thème de la perspective d'un front uni anti-impérialiste, dans le contexte, à l'époque, déjà significatif à plus d'un titre, de la fuite d'Edgard Snowden en Russie, où il est toujours, et désormais de manière on ne peut plus durable.
On se souvient qu'il était passé par la Chine, révélant, par ce passage même et par le caractère particulièrement ambigu de l'attitude des autorités chinoises le double-jeu de ce pays dans ses relations de « concurrence-confrontation » avec les intérêts US et la volonté manifeste de sauver la face tout en préservant l'essentiel des relations nécessaires au business du capitalisme chinois lui-même en phase d'expansion mondialiste. ( * )
On se souvient également de l'ubuesque épopée du Président de la Bolivie, Evo Morales, qui s'était vu refusé le survol de plusieurs pays européens, dont la France, pour le passage de retour de son avion, départ de Moscou, sur l'injonction implicite des USA, au prétexte d'un éventuel « embarquement clandestin » du réfugié Snowden. Et cela, donc, au péril éventuel du Président Morales et de l'équipage de son avion.
Au delà de l'épopée elle-même de la fuite de Snowden tentant d'échapper à la répression US, c'était déjà, de façon éclatante, la révélation de sa signification, par la contrainte US imposant cette épopée en quelque sorte « parallèle » du Président démocratiquement représentatif d'une nation réputée libre et indépendante. ( ** )
Egalement dix ans plus tard, le constat est bien que les « affrontements diplomatiques » d'alors, qui se faisaient en quelque sorte à fleurets mouchetés, se font aujourd'hui entre les mêmes protagonistes essentiels, dans les steppes ukrainiennes, à coups de fusils d'assaut et de lances missiles.
La signification politique de ces affrontements sanglants, meurtriers, d'une violence même difficilement comparable avec la 2ème Guerre Mondiale, même si encore "localisée", se retrouve dans l'attitude de toutes les forces sociales et politiques, et au premier chef, dans notre pays.
Il y a dix ans notre article sur TML soulignait déjà ce lien géopolitique en le remettant notamment en perspective avec l'époque de la naissance de la dite « Guerre Froide » et de la publication, en 1947, du fameux « Rapport Jdanov » qui était en réalité déjà la réponse de la Russie, alors URSS, à la volonté hégémonique clairement exprimée par les USA et se concrétisant par le caractéristique « Plan Marshall » d'assujetissement financier des puissances européennes déjà profondément décadentes.
Dans cette décadence les forces politiques de gauche ne faisaient donc déjà malheureusement pas exception, comme le soulignait précisément le rapport Jdanov, malgré la combativité accrue de la base prolétarienne, réactivée et ranimée par les luttes de la Résistance antinazie.
Dans cette décadence de la gauche, les grands Partis Communistes occidentaux, dont le PCF, ne faisaient donc pas non plus exception, malgré la combativité de leurs bases, comme le soulignait également le rapport Jdanov.
Ce qui était en question, à l'époque du rapport Jdanov, en 1947, c'était déjà la possibilité de construire un front uni face à la volonté hégémonique l'impérialisme US, et il y a donc bientôt dix ans c'était aussi le sujet essentiel du premier article de TML, à l'occasion de ce que nous révélait l'épopée de la fuite de Snowden et son asile trouvé en Russie.
Dix ans après, le constat est donc encore plus amer, non pas tant en termes d'analyse, on y reviendra, mais bien en termes de constat d'échec de toute tentative d'initiative anti-impérialiste et antifasciste unitaire.
Question analyse la principale faiblesse était donc de ne pas souligner suffisamment l'évolution de la stratification sociale de 1947 à 2013, et notamment, de ne pas prendre toute la mesure de ce que la crise de 2007-2008 avait déjà potentiellement révélé et qui s'est manifesté avec éclat lors de celle de 2020 et de la suite des « confinements ».
Néanmoins, suite aux polémiques de 2017 sur le projet social-démocrate du « Revenu Universel », les questions essentielles de l'évolution des rapports entre production et valeur, sous la poussée de l'automatisation et de la robotisation, se sont donc trouvées posées et ont commencé à trouver des réponses, précisément à partir de ce que la crise dite « du covid » et ses confinements ont brutalement révélé.
Mas ce qui n'a donc fait que souligner la nature archaïque et même réactionnaire, en réalité, de la gauche française, et malheureusement aussi de la plupart de ses quelques rares éléments se réclamant encore du ML.
Par comparaison, la brutalité du conflit en Ukraine révèle donc la pertinence de la démarche de notre texte de 2013 précisément en ce qu'il tentait un parallèle avec les conditions de la naissance de la « Guerre Froide » décrites par le rapport Jdanov, et cela malgré les faiblesses déjà signalées. Avec ses qualités et ses défauts, le voici donc en réédition PDF:
http://ekladata.com/FPtUJ68AR1R0buhV5HZuwECiPyk/SNOWDEN-EN-SURSIS-edition-2023.pdf
Egalement en réédition PDF, le précieux « Rapport Jdanov » lui-même, précieux comme clef de compréhension de la genèse de la "Guerre Froide" et donc de ses conséquences encore actuelles, notamment en ce qui concerne la décadence de notre pays, la France, et de sa gauche française !
http://ekladata.com/lKHN6YvobjDdERofX7oErF8aeXU/Andrei-JDANOV-1947-Rapport-sur-la-Situation-Internationale-reedition-2023-.pdf
Luniterre
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Télécharger « SNOWDEN EN SURSIS - édition 2023.pdf »
Télécharger « Andreï JDANOV -1947-Rapport sur la Situation Internationale - (réédition 2023).pdf »
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(* - Pourquoi la Chine a laissé filer Edward Snowden
https://www.letemps.ch/monde/chine-laisse-filer-edward-snowden
Edward Snowden poireaute pour l’heure dans la zone de transit aéroportuaire de Cheremetievo de Moscou. Il veut aller en Equateur. Le New York Times explique pourquoi la Chine voulait lui voir mettre les bouts. Et le Huffington Post pourquoi l’Equateur lui ouvre volontiers les bras. Esprits idéalistes, passez votre chemin
Michel Danthe
Publié le 24 juin 2013 10:53.
Arrivé dimanche à Moscou en provenance de Hong Kong, Edward Snowden, recherché par les Etats-Unis pour avoir divulgué des informations explosives sur les opérations américaines de surveillance électronique, y a demandé l’asile politique à l’Equateur.
Le moins que l’on puisse dire, dans son affaire, est que le jeune homme a le sens du théâtre: avec ses suspens, ses rebondissements, et, précisément, ses coups de théâtre. C’est ce que note Le Figaro, sous la plume de Laure Mandevillequi s’écrie: «On se serait crus dans un mélange de film d’espionnage et de comédie dimanche et lundi, en suivant le déroulé spectaculaire et plein de rebondissements de l’échappée aérienne de l’ex-agent de la CIA Edward Snowden à travers la planète. D’abord son départ en catimini de Hong Kong pour la Russie, sans visa, par un avion de ligne de la compagnie russe Aeroflot, alors que les Américains semblaient convaincus qu’il serait extradé vers les Etats-Unis. Puis son arrivée dans la zone de transit de l’aéroport Cheremetievo de Moscou, où des flopées de journalistes le guettaient sans succès. Sa rencontre avec un diplomate équatorien accouru depuis le centre-ville, suivie de l’annonce par le ministre équatorien des Affaires étrangères, que Snowden avait demandé l’asile politique dans son pays et avait l’intention de s’y rendre. Et pour finir, l’information donnée par le fondateur de Wikileaks selon laquelle son organisation avait réglé les détails juridiques et politiques du voyage de Snowden».
Derrière la comédie et le film d’espionnage, la journaliste entrevoit cependant une «partie d’échecs géopolitique planétaires» où l’on verrait s’affronter des «régimes autoritaires avides d’incarner le camp de l’opposition à Washington».
On devine, bien sûr, à qui fait allusion Laure Mandeville: La Chine et la Russie, bien sûr. N’auraient-ils pas d’ailleurs – soyons fous – manipulé depuis le début le jeune Snowden: pour mettre sur la défensive et dans l’embarras les Etats-Unis?
Et qu’en pense l’Equateur de tout cela. C’estLe Monde qui nous l’apprend, citant le ministre des Affaires étrangères équatoriens, Ricardo Patino: «Il en va de la liberté d’expression et de la sécurité des citoyens dans le monde, ainsi que de la confidentialité des communications». Toujours selon Le Monde, à la question de mesurer le risque d’une décision favorable de l’Equateur sur les relations entre Quito et Washington, Ricardo Patino réponde: «Nous agissons toujours sur des principes, pas pour nos intérêts propres. Il y a des gouvernements qui agissent plus pour leurs intérêts propres. Pas nous. Nous faisons attention aux droits de l’homme».
Pour sa part,le site de Wikileaks, par la bouche de son directeur juridique, l’ancien juge espagnol Baltasar Garzon, déclare: «L’équipe juridique de WikiLeaks et moi-même sommes intéressés à préserver les droits de Monsieur Snowden et à protéger sa personne. Ce qui est perpétré sur Monsieur Snowden et sur Monsieur Assange pour ce qu’ils font, à savoir faire des révélations ou les faciliter, représente une atteinte au droit des gens».
A ceux qui s’interrogeraient de savoir pourquoi Messieurs Assange et Snowden ont choisi l’Equateur pour abriter leur personne, leHuffington Post donne la réponse: «C’est un Etat qui ose dire «non» aux Etats-Unis. Jusqu’en 2009, les Américains détenaient une base militaire sur le sol équatorien. Mais «lorsqu’ils ont tenté d’obtenir sa prolongation, en 2007, le président Rafael Correa leur a répondu qu’il n’y avait aucun problème, à condition que les Etats-Unis autorisent l’Equateur à ouvrir une base militaire en Floride», rappelle Le Monde. Il existe aussi une autre explication: accorder l’asile à Snowden ou Assange est un moyen pour ce pays de 15 millions d’habitants de faire une démonstration de son anti-impérialisme. L’Équateur est membre de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques, un groupe de pays très critique à l’égard de l’influence américaine dans la région».
Le New York Times, lui, tente de se faire idée sur les intérêts de la Chine à avoir laissé filer Edward Snowden: «Du point de vue de la Chine, disent les analystes, le départ de Monsieur Snowden résout deux problèmes: il évite à la Chine de s’enferrer dans ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis si d’aventure un long débat juridique s’était ouvert à Hong Kong; il lui permet de négocier à son avantage avec l’opinion publique chinoise qui considère que l’expert en informatique américain est un héros». Bref, s’il faut en croire l’analyse du New York Times, il s’agissait pour la Chine de marquer brièvement le coup auprès de son opinion publique en laissant filer Snowden. Mais il ne fallait en aucun cas se coltiner de longues semaines, voire de mois, de procédures d’extradition, afin de ne pas remettre en question les acquis engrangés lors des récentes conversations entre Barack Obama et Xi Jinping. D’autant que, ajoute avec une certaine perfidie le New York Times, citant des experts, les Chinois ont, dans les quelques jours que Snowden a passé à Hong Kong, largement eu le temps de siphonner ses ordinateurs et leurs précieux contenus.
On le voit: de coup de cœur d’un jeune idéaliste dégoûté du monde comme il va, l’affaire Snowden s’est déplacée maintenant massivement sur l’échiquier de la géopolitique et de ses effets de trompe l’œil.
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(** - Affaire Snowden : les tribulations de l'avion d'Evo Morales
https://www.lepoint.fr/monde/snowden-imbroglio-diplomatique-autour-de-morales-03-07-2013-1690518_24.php
Le president Evo Morales, bloque en Autriche jusqu'a mercredi matin.
Des rumeurs selon lesquelles Edward Snowden se trouvait à bord de l'avion de Morales ont provoqué une mini-panique et la fureur du président bolivien.
Sources AFP et Reuters
Publié le 03/07/2013 à 07h23
L'avion du président bolivien, Evo Morales, se dirige vers la Bolivie, après avoir été contraint à une escale technique sur l'aéroport de Las Palmas aux Canaries et une autre, imprévue, de 13 heures à Vienne à son retour de Moscou. La France et le Portugal ont brutalement fermé leur espace aérien mardi soir en raison de rumeurs selon lesquelles Edward Snowden, l'ex-consultant de la National Security Agency (NSA) à l'origine des révélations sur les pratiques de surveillance et d'écoutes du renseignement américain, se trouvait à son bord.
"Ce monsieur n'est pas une valise ou une mouche"
"C'était quasiment comme un enlèvement de près de 13 heures", a déclaré le président bolivien lors d'une conférence de presse à l'aéroport autrichien, pointant du doigt la France, l'Italie, le Portugal et l'Espagne qui ont, selon La Paz, refusé à son avion le survol de leur territoire la veille. Il s'agit d'une "erreur historique", a-t-il lancé, d'une "provocation (...) envers la Bolivie et toute l'Amérique latine, c'est une agression envers l'Amérique latine" de la part de "certains pays européens". "Je ne peux pas comprendre qu'ils disent et affirment me détenir, car j'emmenais Edward Snowden. Ce monsieur n'est pas une valise ou une mouche que je peux mettre dans l'avion et emporter avec moi en Bolivie", a-t-il ajouté.
Des responsables boliviens et autrichiens ont démenti sa présence à bord. Le vice-chancelier autrichien a précisé que l'avion avait été inspecté et qu'aucun passager clandestin n'avait été trouvé à bord. Après la levée des interdictions française et portugaise, Evo Morales a dit ne plus attendre que l'autorisation d'emprunter l'espace aérien espagnol, qui lui a été accordée dans la matinée de mercredi. Le président Heinz Fischer avait estimé peu auparavant que rien ne s'opposait au départ du président bolivien. "Le plan de vol est normal, pour autant que je sache", a-t-il dit à la presse à l'aéroport de Vienne. L'avion présidentiel a pu quitter Vienne en fin de matinée.
Un mensonge américain pour faire pression ?
Les autorités boliviennes ont dénoncé un "mensonge" destiné selon elles à faire pression sur La Paz. "Nous avons déterminé qu'il semblait y avoir une rumeur infondée sur la présence de M. Snowden à bord de l'avion", a déclaré le ministre bolivien des Affaires étrangères, David Choquehuanca. "Nous ne savons qui a inventé ce mensonge." Son homologue de la Défense, Ruben Saavedra, a soupçonné le département d'État américain d'être derrière cette décision. "Nous avons des soupçons sur le fait que ces pays ont été manipulés par une puissance étrangère, en l'occurrence les États-Unis, afin d'intimider l'État bolivien et le président Evo Morales", a-t-il dit.
Ce blocage à Vienne de l'avion du président bolivien est "interprété comme un acte d'agression", a déclaré mercredi à Genève l'ambassadeur de la Bolivie auprès de l'ONU, Sacha Llorenti, selon lequel une "procédure" a été engagée par son pays. "La vie du président, de sa délégation et de l'équipage de l'avion a été mise en danger", a déclaré le diplomate, ajoutant qu'il y avait eu "violation des règles du droit international". "Nous avons d'ores et déjà mis en oeuvre une procédure pour dénoncer ces faits devant le secrétaire général de l'ONU", a encore indiqué Sacha Llorenti.
Edward Snowden, recherché par Washington, a demandé l'asile à une vingtaine de pays, dont la Bolivie, mais toutes les portes semblent se refermer devant lui. Coincé depuis le 23 juin dans la zone de transit de l'aéroport Cheremetievo à Moscou, où il est arrivé en provenance de Hong Kong, ce jeune homme de 30 ans, qui travaillait auparavant à Hawaï, se retrouve piégé dans des limbes juridiques.
L'informaticien essuie refus sur refus
Edward Snowden avait essuyé mardi un refus de la part de nombreux pays auxquels il a demandé l'asile politique. En contact étroit avec de nombreuses capitales, les États-Unis ont dit avoir "bon espoir" que l'ex-consultant de l'agence américaine de sécurité nationale (NSA) rentre aux États-Unis. Des responsables américains sont "en contact, comme c'est le cas depuis plusieurs jours maintenant, avec de nombreux pays qui pourraient être des lieux de transit ou des destinations finales" pour Edward Snowden, a déclaré la porte-parole du département d'État, Jennifer Psaki.
"C'est quelqu'un que nous voudrions voir revenir aux États-Unis, bien évidemment. Et nous avons bon espoir que cela arrivera", a-t-elle assuré. L'Allemagne, estimant que "les conditions d'accueil ne sont pas réunies", a rejoint la Pologne, l'Inde, le Brésil et les Pays-Bas, qui avaient annoncé mardi leur refus d'accorder l'asile au jeune Américain de 30 ans, qui avait déposé dimanche des demandes auprès de 21 pays. L'Autriche, la Finlande, la Norvège, l'Espagne et l'Italie ont pour leur part confirmé avoir reçu une demande d'asile politique, tout en soulignant qu'elle ne correspondait pas aux critères officiels, laissant ainsi entendre qu'elle serait rejetée. La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a redit qu'elle n'avait pas encore reçu de demande.
Mardi matin, le Kremlin a annoncé que le jeune Américain avait retiré sa demande d'asile en Russie. "En apprenant hier la position de Poutine sur les conditions nécessaires pour qu'il reste en Russie, il a renoncé à sa demande", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Le chef de l'État russe, Vladimir Poutine, avait déclaré lundi que Snowden, coincé depuis le 23 juin dans la zone de transit de l'aéroport Moscou-Cheremetievo, pouvait rester en Russie à condition qu'il cesse "ses activités visant à faire du tort" aux Américains. Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, en visite à Moscou, a, lui aussi, affirmé que son pays n'avait pas reçu de demande, selon l'agence russe Itar-Tass. Mais il a estimé que Snowden méritait d'être "protégé par le droit humanitaire international".
Peur d'être "exécuté"
Dans une lettre au ministère polonais des Affaires étrangères et dont le contenu a été divulgué à la presse, Edward Snowden affirme qu'il "risque d'être persécuté", voire exécuté, par les États-Unis s'il devait retourner dans son pays, qui applique toujours la peine de mort.
L'ancien consultant de la NSA est à l'origine des révélations fracassantes sur un programme américain secret de surveillance des communications mondiales. Invisible depuis son départ de Hong Kong il y a dix jours, il a permis la publication ce week-end de nouvelles informations sur l'espionnage des communications de l'Union européenne, provoquant la colère des Européens. Ces révélations font aussi planer la menace d'un blocage des négociations pour un accord de libre-échange entre l'UE et les États-Unis.
Dans une déclaration postée lundi sur le site internet de WikiLeaks, la première depuis son départ de Hong Kong, Edward Snowden a accusé le président américain, Barack Obama, de "faire pression sur les dirigeants" des pays auprès desquels il cherche une protection. Il y affirme que Barack Obama a donné l'ordre à son vice-président, Joe Biden, de faire pression sur les dirigeants des pays auprès desquels il a demandé l'asile pour obtenir, le cas échéant, son extradition. Edward Snowden a reçu mardi le soutien appuyé de son père, Lon Snowden, qui a comparé son fils à un illustre patriote de la guerre d'indépendance américaine au XVIIIe siècle, Paul Revere.
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Pour aller plus loin sur la transition banco-centraliste
de l'économie mondialisée:
Cycles d'études sur la mutation banco-centraliste du système économique mondialisé (1)
http://cieldefrance.eklablog.com/cycles-d-etudes-sur-la-mutation-banco-centraliste-du-systeme-economiqu-a214160549
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