• Richard Werner, "père spirituel" du Quantitative Easing et "apprenti sorcier" du banco-centralisme

     

     

    Professor Richard Werner - University of Winchester

     

     

          Richard Werner est un économiste hors du commun en ce qu'il ne se réclame d'aucune "école" particulière de la pensée économique moderne. Né en Allemagne il a fait ses études en économie à Londres et Oxford, avec déjà un premier séjour d'étude et de formation au Japon. Devenu rapidement un spécialiste de l'économie japonaise, il y a par la suite vécu et travaillé pendant une dizaine d'années (1994-2004). c'est au cours de cette période qu'il a développé le concept de "Quantitative Easing" (1995), avec l'espoir de voir le Japon, alors frappé d'une cris sévère, renouer avec la croissance.

    Mais son concept, "récupéré", en quelque sorte, par la Banque Centrale du Japon (BoJ) sera aussitôt dévoyé pour servir de base au premier modèle "moderne" d'une économie entièrement banco-centralisée, et qui l'est restée, depuis, devenant le "prototype" des restructurations banco-centralistes dans les autres grandes puissances industrielles, suite à la crise de 2007-2008.

    Suite à ce "dévoiement" Richard Werner a entrepris, dès le début des années 2000 une quasi-croisade pour tenter d'en revenir à une politique monétaire et bancaire d'investissement productif.

    C'est à cette occasion qu'il a notamment rédigé son "best-seller", "Princes of the Yen", y compris au Japon, concernant cet abus de pouvoir de la BoJ et des Banques Centrales en général, en retraçant avec précision l'histoire économique du Japon depuis la 2ème guerre mondiale et son évolution inexorable vers le banco-centralisme. ainsi que le "glissement" de toute une partie de l'économie du Sud-Est asiatique sous la férule de la Fed US! 

    A la suite de ce succès, un film documentaire a même été fait, avec sa participation, sur le thème du livre. Une tranche d'histoire unique et passionnante pour tous ceux qui veulent comprendre les racines de l'histoire de notre XXIème siècle, du Japon à l'Europe, vers la fin du film, qui évoque déjà en 2003 le pouvoir exorbitant de la BCE, en passant, évidemment, par les fourches caudines de la Fed US... 

     

     

    A la suite, un extrait d'un article beaucoup plus récent de Richard Werner, qui décrit on ne peut mieux l'évolution économique banco-centraliste de ce premier quart du XXIème siècle, jusqu'à la naissance actuelle des Monnaies Numériques de Banque Centrale et au danger fatidique pour les libertés, économiques, et les libertés tout court, qu'elles représentent.

    Comme on l'a vu au début, Richard Werner n'est d'aucune "école" économique, sinon de la sienne...: il a développé ses propre concepts dans l'espoir de voir renaître une économie productive fondée essentiellement sur les PME et les dynamiques locales et régionales. Une vision économique qui s'inscrit donc malgré tout dans une mouvance de "résistance" du capitalisme "classique" face au banco-centralisme, avec parfois ce que cela comporte d'utopie par rapport, notamment au cycle de renouvellement du capital fixe, qui est devenu, en quelque sorte, la "base économique" du banco-centralisme, et qui ne pourra être "déboulonnée" que par un contrôle démocratique du crédit, une approche qu'il a néanmoins le mérite d'ébaucher, à l'occasion.

    Luniterre

     

    Une traduction en anglais de son article japonais de 1995, introduisant pour la première fois le terme de "Quantitative Easing":

    Télécharger « Translation_Werner_QE_Nikkei_Sep_1995_final.pdf » 

    https://ekladata.com/WcpOW2RIQuOEt294FjoEe3Rhmbw/Translation_Werner_QE_Nikkei_Sep_1995_final.pdf 

     

    Une copie PDF intégrale de son article de mars 2023, dont un extrait, en traduction française, est republié ci-dessous, après les graphes qui vont avec:

    Télécharger « Central banks are too powerful - RICHARD WERNER - The expert who pioneered QE.pdf » 

    http://ekladata.com/MXoorGlr0OsFMvgJ6a6-A009hz4/Central-banks-are-too-powerful-RICHARD-WERNER-The-expert-who-pioneered-QE.pdf 

     

     

     

     

    Fig1

     Fig2

     

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    Comment la Fed s'est attaquée à la crise financière de 2008 

    La grande récession a commencé par le gel du marché interbancaire, les banques de détail surendettées (après des années de surveillance laxiste de leurs prêts immobiliers) ayant commencé à douter de la solvabilité des autres. Cette situation a été exacerbée par la décision de la Fed, en septembre 2008, de ne pas sauver ou fusionner Lehman Brothers, mais de la laisser faire faillite. L'effondrement spectaculaire des prêts bancaires de détail aux États-Unis qui en a résulté (ligne grise de la figure 2) a entraîné l'éclatement de la bulle immobilière américaine, provoquant une onde de choc économique dans le monde entier.

    Le gel du marché interbancaire a menacé le système bancaire mondial et exigé une action urgente de la part de la Fed et d'autres banques centrales. En réponse, la Fed - sous la direction de son président de l'époque, Ben Bernanke, qui avait déjà participé aux discussions sur la manière de relancer l'économie japonaise en perte de vitesse dans les années 1990 - a partiellement adopté le "vrai" type d'assouplissement quantitatif que j'avais précédemment proposé pour le Japon. Il a donc fallu environ 18 mois pour que les banques de détail américaines relancent leurs prêts, ce qui a entraîné une reprise au bout de six mois.

    La version de l'assouplissement quantitatif de la Fed a consisté à suivre ma recommandation d'acheter des actifs non performants aux banques - en d'autres termes, elle a acheté leurs créances douteuses, assainissant ainsi leurs bilans. Cette mesure n'a pas injecté d'argent frais dans l'économie américaine (1) et n'a donc pas créé de pressions inflationnistes. Mais elle a aidé les banques de détail - celles qui n'avaient pas fait faillite, du moins - à se relever et à être prêtes à reprendre leurs activités normales, mettant ainsi fin au resserrement du crédit après l'explosion des prêts non remboursés.(1)

    En conséquence, les banques de détail américaines émettaient de nouveaux prêts dès 2010 - plus tôt que dans d'autres pays où les banques centrales n'ont pas adopté cette stratégie, mais ont plutôt copié la version de l'assouplissement quantitatif de la Banque du Japon, qui a échoué (2). La figure 2 ci-dessus le montre : l'envolée de la ligne bleue (indice avancé de liquidité de la Fed) en 2009 et le redressement ultérieur de la ligne grise (prêts aux banques de détail) en 2010 ont permis aux États-Unis de sortir de la crise de 2008 en tête des grandes économies.

    Lorsque les experts bancaires ont examiné ce vaste programme d'assouplissement quantitatif entrepris par la Fed à la fin de 2008 et par la suite, beaucoup ont craint qu'il ne conduise au retour de l'inflation. Il n'en a rien été, principalement parce que la création de crédit par les banques de détail s'est considérablement contractée à la suite de l'implosion du marché interbancaire (ligne grise de la figure 2) et parce que la Fed a adopté l'aspect de l'assouplissement quantitatif qui n'augmentait pas la masse monétaire par le biais de nouveaux prêts bancaires (3).

    Ainsi, l'utilisation de l'assouplissement quantitatif par la Fed pour ramener l'économie américaine à la vie a été considérée comme un succès relatif. Au contraire, les médias mondiaux ont réservé l'essentiel de leurs critiques aux dommages causés aux économies par les banques de détail "cupides".

    Cela signifie qu'après ce désastre financier mondial, les banques centrales ont pu tranquillement accroître à nouveau leurs pouvoirs, au nom d'une plus grande surveillance du secteur financier. La Banque centrale européenne a particulièrement bien réussi à étendre ses pouvoirs au cours de la décennie suivante.

    Dans le même temps, l'assouplissement quantitatif a été considéré par certains comme un "remède miracle" contre les futures crises financières. La situation a atteint son paroxysme en mars 2020, lorsque les banquiers centraux ont lancé un programme d'assouplissement quantitatif qui est à l'origine de bon nombre de nos difficultés économiques et sociétales actuelles.

     

    La véritable cause de notre crise inflationniste actuelle 

    En mai 2020, alors que j'effectuais ma dernière analyse mensuelle de la quantité de crédit créée dans 40 pays, j'ai été surpris de constater qu'il se passait quelque chose d'extraordinaire depuis le mois de mars de cette année-là. Les principales banques centrales du monde entier augmentaient considérablement la masse monétaire par le biais d'un programme coordonné d'assouplissement quantitatif.

    Il s'agit de la version de l'assouplissement quantitatif que j'avais recommandée comme deuxième mesure politique au Japon dans les années 1990, à savoir l'achat par la banque centrale d'actifs en dehors du secteur bancaire. Ces paiements ont forcé les banques de détail à créer de nouveaux crédits dans le cadre d'une augmentation massive de la masse monétaire, sans précédent dans l'après-guerre, ce qui a permis aux entreprises et aux institutions financières non bancaires qui avaient vendu à la Fed de bénéficier d'un nouveau pouvoir d'achat.(4)

    Même la Banque du Japon, qui avait affirmé pendant deux décennies qu'elle ne pouvait pas acheter d'actifs à d'autres que les banques, s'est soudainement engagée dans cette opération inhabituelle en même temps que d'autres banques centrales, et ce à grande échelle.

    Les raisons de cette politique coordonnée ne sont pas immédiatement apparentes, bien que certains éléments indiquent qu'elle a été déclenchée par une proposition présentée aux banquiers centraux par la société d'investissement multinationale Blackrock lors de la réunion annuelle des banquiers centraux et d'autres décideurs financiers à Jackson Hole, dans le Wyoming, en août 2019. Peu de temps après, les difficultés rencontrées sur le marché des accords de rachat ("repo") de la Fed en septembre 2019 (5), déclenchées par le géant de la banque privée JP Morgan, pourraient avoir fait pencher la balance.

    Apparemment d'accord avec ma critique selon laquelle une politique fiscale pure n'entraîne pas de croissance économique si elle n'est pas soutenue par la création de crédit, Blackrock avait affirmé à Jackson Hole que le "prochain ralentissement" exigerait des banques centrales qu'elles créent de l'argent frais et qu'elles trouvent "des moyens de mettre l'argent de la banque centrale directement entre les mains des dépensiers des secteurs public et privé" - ce qu'elles appelaient "passer directement", en contournant les banques de détail. La Fed savait que cela créerait de l'inflation, comme l'a confirmé plus tard Blackrock dans un document indiquant que "la Fed s'engage maintenant à pousser l'inflation au-dessus de l'objectif pendant un certain temps".(6)

    C'est précisément ce qui a été mis en œuvre en mars 2020. Nous le savons à la fois grâce aux données disponibles et parce que la Fed, en grande partie sans précédent, a engagé une entreprise du secteur privé pour l'aider à acheter des actifs - qui n'est autre que Blackrock.

    Après avoir "crié au loup" au sujet du risque inflationniste de l'introduction de l'assouplissement quantitatif en 2008, et après plus d'une décennie d'inflation mondiale résolument faible, de nombreux experts bancaires et économiques pensaient que la politique de création de crédit tout aussi agressive de la Fed et d'autres banques centrales en 2020 ne serait pas inflationniste, une fois de plus.(7)

    Cependant, cette fois-ci, les conditions économiques étaient très différentes : il n'y avait pas eu d'effondrement récent de l'offre de monnaie par le biais des prêts bancaires aux particuliers. De plus, la politique différait sur un point crucial : en "passant directement", la Fed augmentait elle-même massivement la création de crédit, la masse monétaire et les nouvelles dépenses.

    Dans le même temps, les mesures COVID imposées par les gouvernements se sont également concentrées sur la création de crédit bancaire. Parallèlement à un blocage sans précédent de la société et des entreprises, les banques de détail ont reçu l'ordre d'augmenter les prêts aux entreprises, les gouvernements garantissant ces prêts. Des chèques de relance ont été versés aux travailleurs licenciés, et les banques centrales comme les banques de détail ont également augmenté leurs achats d'obligations d'État. Les banques centrales et les banques commerciales ont donc augmenté la masse monétaire, dont une grande partie a été utilisée à des fins de consommation générale plutôt qu'à des fins productives (prêts aux entreprises).(8)

    En conséquence, la masse monétaire a atteint des niveaux record. L'indicateur "large" de la masse monétaire aux États-Unis , M3, a augmenté de 19,1 % en 2020, soit la plus forte hausse annuelle jamais enregistrée. Dans la zone euro, la masse monétaire M1 a augmenté de 15,6 % en décembre 2020.

    Tout cela a stimulé la demande, alors que, dans le même temps, l'offre de biens et de services était limitée par les restrictions imposées par la pandémie, qui ont immobilisé des personnes, fermé de nombreuses petites entreprises et affecté certaines chaînes d'approvisionnement. Il s'agissait d'une recette parfaite pour l'inflation - et une hausse significative des prix à la consommation a suivi environ 18 mois plus tard, à la fin de 2021 et en 2022.

    Si elle a certainement été exacerbée par les restrictions COVID, elle n'avait rien à voir avec les actions militaires russes ou les sanctions sur l'énergie russe - et beaucoup à voir avec l'utilisation abusive de l'assouplissement quantitatif par les banques centrales. Je pense que le haut degré de coordination des banques centrales dans l'adoption de cette stratégie d'assouplissement quantitatif, et le lien empirique avec notre période actuelle d'inflation, signifient que leurs politiques devraient faire l'objet d'un examen public plus approfondi. Mais la guerre qui a suivi a brouillé les pistes et détourné l'attention d'importantes questions sous-jacentes.

    Par exemple, les critiques des niveaux sans précédent de la dette nationale dans le monde - les États-Unis à eux seuls doivent aujourd'hui plus de 31 000 milliards de dollars -(9) avertissent depuis longtemps que l'issue probable pour les pays qui sont devenus "accros à l'argent facile" est une voie inflationniste qui érode silencieusement la valeur de cette dette. Mais à quel prix pour le grand public ? (10)

    Parallèlement, la concentration des pouvoirs entre les banques centrales et quelques conseillers privilégiés, tels que Blackrock, a suscité de nombreuses interrogations sur la manière dont l'économie mondiale est contrôlée par quelques personnages clés. L'émergence récente d'une nouvelle forme de monnaie numérique est un autre chapitre potentiellement important de l'histoire de la domination des banques centrales.

     

    Un nouvel outil pour renforcer le contrôle des banques centrales ? 

    Au moment où le gouvernement britannique imposait le premier verrouillage en mars 2020, la Banque d'Angleterre (BoE) publiait son premier grand document de travail (et organisait un premier séminaire public) sur le besoin qu'elle ressentait d'introduire une monnaie numérique de banque centrale. (Il est remarquable de constater que de nombreuses banques centrales ont été stimulées dans leurs projets de monnaies numériques par les concepts de passeport de vaccination numérique COVID qui ont été avancés pendant la pandémie).

    Trois ans plus tard, la BoE a publié un document de consultation, en collaboration avec le Trésor britannique, qui présente "les arguments en faveur d'une monnaie numérique de banque centrale pour les particuliers". Le document explique que :

    "La livre numérique serait une nouvelle forme de livre sterling ... émise par la Banque d'Angleterre. Elle serait utilisée par les ménages et les entreprises pour leurs paiements quotidiens. Elle serait utilisée dans les magasins, en ligne et pour effectuer des paiements à la famille et aux amis."

    Bien que la consultation dure jusqu'au 7 juin 2023, nous sommes déjà informés qu'une livre numérique britannique garantie par l'État sera probablement lancée "plus tard dans la décennie", peut-être dès 2025. 

    Vidéo de la Banque d'Angleterre présentant le concept de monnaie numérique de sa banque centrale.

    En fait, des monnaies numériques sont utilisées depuis des décennies - de type bancaire. Toutefois, comme son nom l'indique, une monnaie numérique de banque centrale (MNBC ) - si elle était largement adoptée - transférerait irrévocablement le contrôle de notre masse monétaire du système décentralisé actuel, basé sur les banques de détail, vers les banques centrales.

    En d'autres termes, les "arbitres du jeu" se préparent à descendre dans l'arène et à proposer des comptes courants au grand public, en concurrence directe avec les banques de détail qu'ils sont censés réguler - un conflit d'intérêts évident. Des États-Unis au Japon, les banques centrales - déjà plus puissantes et indépendantes que jamais - ont exprimé leur désir de créer et de contrôler leurs propres CBDC, en utilisant potentiellement une technologie similaire à celle des crypto-monnaies telles que le bitcoin. Selon moi, cela présente de nombreux risques pour le fonctionnement des économies et des sociétés.

    Contrairement aux crypto-monnaies non réglementées, les CBDC bénéficieraient du soutien et de l'autorité des banques centrales. Lors d'une future crise financière, les banques de détail pourraient avoir du mal à résister à cette concurrence déloyale, les clients transférant leurs dépôts vers les CBDC grâce au soutien de leur banque centrale et de leur gouvernement.

    Le conflit d'intérêts est d'autant plus important que les banques centrales définissent les politiques qui peuvent faire ou défaire les banques de détail (voir les récentes faillites de SVB et de Signature Bank). En outre, les banques centrales semblent être favorables au sauvetage des grandes banques, tandis que les petites banques sont considérées comme non indispensables. (11)

    Certains pays - peut-être même la zone euro - pourraient se retrouver avec un système monobancaire de type soviétique, où la seule banque en ville est la banque centrale. Ce serait désastreux : les fonctions utiles des banques de détail sont de créer la masse monétaire et de l'allouer efficacement par l'intermédiaire de milliers d'agents de crédit sur le terrain dans tout le pays. (11)

    Cette forme d'investissement productif des entreprises, qui crée une croissance non inflationniste et des emplois, est mieux réalisée par le biais de prêts aux petites et moyennes entreprises (PME). Ni les banques centrales ni les crypto-monnaies ne remplissent ces fonctions décentralisées mais cruciales qui sont au cœur du capitalisme prospère, des États-Unis et de l'Allemagne au Japon et à la Chine. (11)

    Mais la concentration accrue des pouvoirs entre les mains des banques centrales n'est pas le seul danger posé par les CBDC. Leur plus grand attrait pour les planificateurs centraux est qu'elles facilitent la "programmabilité" - en d'autres termes, le contrôle de la manière dont un individu est autorisé à utiliser cette monnaie. Comme l'a expliqué Agustin Carstens, directeur général de la Banque des règlements internationaux (qui appartient aux banques centrales) (12), en 2021 :

    "La différence essentielle avec la CBDC [Acronyme anglais pour Monnaie Numérique de Banque Centrale] c'est que la banque centrale exercera un contrôle absolu sur les règles et réglementations qui détermineront l'utilisation de cette expression de la responsabilité de la banque centrale. De plus, nous disposerons de la technologie nécessaire pour faire respecter ces règles."

    Les détracteurs d'une banque centrale pourraient soudainement constater qu'ils ne sont plus autorisés à payer quoi que ce soit - d'une manière qui rappelle la façon dont les camionneurs canadiens protestataires ont été privés de leurs fonds par le gouvernement canadien en février 2022.

    En outre, les planificateurs centraux pourraient théoriquement restreindre les achats à une zone géographique limitée, ou aux seuls articles "corrects" aux yeux des autorités, ou encore à des montants limités - par exemple, jusqu'à ce que vous ayez épuisé votre budget "crédits carbone". L'idée très discutée d'un "revenu de base universel" pourrait servir de carotte pour que les gens acceptent une monnaie électronique centrale qui pourrait mettre en œuvre un système de crédit social à la chinoise et même, à l'avenir, exister sous la forme d'un implant électronique.

    En revanche, un tel contrôle n'est pas possible avec l'argent liquide, aujourd'hui considéré par beaucoup comme un symbole de liberté.

    ******************************************

    SOURCES:

    https://fortune.com/2023/03/20/is-federal-reserve-too-powerful-inflation-quantitative-easing-richard-werner/

    https://theconversation.com/why-central-banks-are-too-powerful-and-have-created-our-inflation-crisis-by-the-banking-expert-who-pioneered-quantitative-easing-201158

    ***********************************************

    NOTES:

    (1 - Il y a évidement ici une contradiction dans les propos de Werner. La masse monétaire a nécessairement et évidemment été considérablement augmentée dès les premières mesures de type QE et assimilées, dès 2008. Le fait que cela n'ait pas déclenché d'inflation durant près de deux décennies vient du contexte économique de stagnation, potentiellement récessif, qui a amené la crise de 2007-2008, et qui ne pouvait être surmonté avec une inflation inférieure à 2%, cap initialement visé par les Banques Centrales avec précisément l'augmentation de la masse monétaire.)

    (2 - Richard Werner est le "père spirituel" du concept de "Quantitative Easing", étant le premier à désigner ce type de politique monétaire par ce nom. Il a longtemps travaillé au Japon et c'est là bas qu'il a proposé sa propre formule de cette politique, qu'il estime aujourd'hui avoir été "déformée" et même carrément détournée de ses buts initiaux par la Banque Centrale du Japon (BoJ), qui a servi, néanmoins, de modèle à la plupart des politiques de QE post-crise de 2007-2008, et encore plus, au cours et à la suite de la crise de 2020-2021.)

    (3 - En tant que "père spirituel" du QE Richard Werner tient néanmoins à "défendre", au moins en partie, sa "créature", en s'appuyant sur le "succès relatif", comme il l'évalue lui-même, du QE aux USA, durant la première décennie post-crise de 2007-2008. De sorte qu'il se moque tout de même un peu du lecteur en écrivant: "la Fed a adopté l'aspect de l'assouplissement quantitatif qui n'augmentait pas la masse monétaire par le biais de nouveaux prêts bancaires.", vu que manifestement, la masse monétaire a bien augmenté de façon exponentielle avec les QE post-crise, même si c'est par d'autres biais que celui cité ici par lui...!)

    (4 - C'est le principe même de l'augmentation de la masse monétaire...)

    (5 - A propos de cette crise du "repo", qui est typiquement le début réel de celle de 2020, et précisément suite à une tentative des Banques Centrales, au cours de l'année 2019, de faire un "palier" dans la politique de QE, et même de la "réduire", en ce qui concerne la Fed et la BoE, voir l'étude approfondie parue en 2021:

    Paradoxe et suspense économique en 2021: le Capital atteindra-t-il, ou non, le Nirvana par la Dette Mondiale?

    http://interfrsituation.eklablog.com/paradoxe-et-suspense-economique-en-2021-le-capital-atteindra-t-il-ou-n-a209197288

    Cet épisode de la crise a typiquement laissé une "trace" dans le bilan des Banques Centrales, qui lui-même fait donc un "palier", pour la BCE et la BoJ et marque même une "baisse" momentanée et caractéristique pour la Fed et la BoE:

    Comparaison Fed - BCE:

    BCE:

    En 2023, le contexte inflationniste permet donc une nouvelle tentative de "rétrécissement" notable du bilan des principales Banques Centrales, sans toutefois revenir encore aux niveaux d'avant crise.

    (6 - Devant l'échec des politiques monétaires supposée relever le taux s'inflation autour de 2%, en vue d'éviter la récession, amorcée en fin 2019, les Banques Centrales ont donc opté pour une "politique du choc" qui a été celle de la dite "crise du covid", qui a tout à voir avec un coup de frein brutal à la récession en cours et seulement secondairement un rapport éventuel avec la politique sanitaire, sauf évidemment, au profit de l'industrie pharmaceutique...!)

    (7 - Dans le genre "feu inflationniste" les banquiers centraux sont donc aussi des "apprentis sorciers" incapables de maîtriser correctement, à temps voulu, leur "créature"...)

    (8 - La "crise du covid" a évidemment relancé les "débats" sur la question du "revenu universel", plus ou moins "inconditionnel", et cela a amené un grand nombre de mesure de "soutien économique" pour les salariés inévitablement "payés pour rester à la maison", et qui risquaient évidemment de perdre leur emploi, autrement, ce qui est en quelque sorte une version de la "monnaie hélicoptère" adaptée aux circonstances de cette crise, mais qui n'a pas réellement contribué à relancer l'économie, mais bien plutôt l'épargne, en réaction à l'incertitude du moment.)

    (9 - C'était il y a déjà un an, le chiffre, aujourd'hui, évolue à plus de 34 663 milliards de dollars.)

    (10 - Une "stratégie" à double tranchant et qui n'est réellement fonctionnelle qu'en période de forte expansion de l'économie capitaliste "classique", ce qui n'est plus le cas depuis la fin des "Trente Glorieuses", au tournant des années 60-70 du siècle dernier, en France, par exemple.)

    (11 - Ces trois allusions à la suite montrent bien que Richard Werner en est encore à espérer une "relance" du capitalisme productif "classique", davantage fondé sur les PME que sur les monopoles. D'où son idée et son principe de "décentralisation" et même de "régionalisation" de l'activité bancaire. Malheureusement, l'outil productif moderne est de plus en plus fondé sur une technologie automatisée et robotique qui exige des masses considérables d'investissement en capital fixe, problème qui est à la base même de la naissance et de la formation du banco-centralisme actuel. Le "roulement"-expansion de la dette étant en "correspondance" avec le cycle de renouvellement de ce capital fixe, au détriment de l'investissement productif "humain".)

    (12 -  La "Banque des Règlements Internationaux", ou BRI, est en quelque sorte la "Banque Centrale des Banques Centrales" et surtout une sorte de "creuset" des politiques mondialistes banco-centralistes!)

     

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    Source de l'article et de la compilation: 

    http://cieldefrance.eklablog.com/richard-werner-pere-spirituel-du-quantitative-easing-et-apprenti-sorci-a215699895 

     

     

    Sur le banco-centralisme au Japon, voir aussi:

    Les aventures de la famille Gave dans le monde banco-centralisé - Episode 2

     

    http://cieldefrance.eklablog.com/les-aventures-de-la-famille-gave-dans-le-monde-banco-centralise-episod-a213999631 

    LISTE DE LIENS ARTICLES 

     

     

     

    Récent sur le sujet :

     

    Déficit et dépendance : les marchés financiers attendent les « liquidités » banco-centralisées comme le jardinier attend la pluie… (Et y’a pas sécheresse !)

    http://cieldefrance.eklablog.com/deficit-et-dependance-les-marches-financiers-attendent-les-liquidites—a215610053 

     

    « Monétarisme » et/ou « banco-centralisme » : la nuance « sémantique » est-elle historiquement significative, et de quoi ?

    http://cieldefrance.eklablog.com/monetarisme-et-ou-banco-centralisme-la-nuance-semantique-est-elle-hist-a215537191 

     

    Le passage du capitalisme « classique » au banco-centralisme impacte-t-il notre vie sociale quotidienne ? Quelques réflexions et éléments complémentaires au débat

    http://cieldefrance.eklablog.com/le-passage-du-capitalisme-classique-au-banco-centralisme-impacte-t-il—a215547035 

     

    ************************************** 

    NOUVEAU :

    Chine-USA, pour le contrôle du Bitcoin, c’est aussi la guerre économique !

    http://cieldefrance.eklablog.com/chine-usa-pour-le-controle-du-bitcoin-c-est-aussi-la-guerre-economique-a215644337 

     

    ************************************** 

    Pour aller plus loin sur la formation du banco-centralisme :

    Cinq différences essentielles entre l’époque de Marx et la nôtre (Nouvelle édition)

    http://cieldefrance.eklablog.com/cinq-differences-essentielles-entre-l-epoque-de-marx-et-la-notre-nouve-a215228819 

     

    ************************************** 

    Pour simplement aborder la réalité du contexte actuel de la transition vers le banco-centralisme:

    Fini 2023, baptême de 2024 : deux gouttes d’eau ou deux gouttes de sang ?

    http://cieldefrance.eklablog.com/fini-2023-bapteme-de-2024-deux-gouttes-d-eau-ou-deux-gouttes-de-sang-a215224737 

    Avec une réédition du livre de Lénine, « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme », en ligne à la suite de l’article, au format PDF téléchargeable.

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    Le siège de la BCE à Francfort

    Richard Werner, "père spirituel" du Quantitative Easing et "apprenti sorcier" du banco-centralisme

     

     

     

     

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